Impressions matinales #11

Les apparences et l’épaisseur. Ce qu’on laisse à voir et qui on est.

Éternelle question à creuser.

On trouve pour « ego », la définition suivante : « Le Moi dans son unicité et son unité fondamentale. » Cela me figure quelque chose de dense et compact, solide et presque figé.

C’est drôle, quand on y pense, que cet ego soit le même qui se contorsionne devant les autres pour leur plaire / leur faire envie / se conformer à leur exigences / se comparer à eux.

Le Moi n’est rien sans le regard des autres. Qui suis-je si je me retire en ermite ?

Encore quelqu’un certainement. Libéré de son ego je crois. Une de ces couches alors qu’on a bien souvent du mal à palper, à comprendre, et encore plus à montrer.

Impressions matinales #10

Son bras délicat et moelleux qui s’enroule autour de mon torse et pèse immobile sur moi.

Ses pieds qui cherchent les miens dans une caresse maladroite.

La chaleur de son corps qui m’enveloppe, protectrice.

Son souffle lent et rassurant sur ma nuque.

Le sommeil peut s’installer.

Je préfère dormir à deux.

Impressions matinales #9

Et si tout était possible ?

Je me mets des barrières, j’ai des réticences, des retenues. J’ai peur de blesser / de marcher sur les plates-bandes / de me tromper. (Garder toutes les mentions. Utiles.)

Je ne demande jamais aux gens davantage que ce qu’ils veulent donner spontanément. Je ne les sollicite pas au-delà du strict minimum.

Il semble pourtant que je ne suis pas la seule à avoir beaucoup à donner. Envie d’offrir du temps, de l’énergie, de l’amour.

On devrait pouvoir partager ça. J’apprends.

Impressions matinales #8

Je dis : « il faudrait », « tu pourrais », « est-ce que tu as pensé à »…

J’écoute du mieux que je peux mais vient toujours ce moment où je ne peux pas m’empêcher de raconter ma propre expérience, mon vécu, mon point de vue.

Je voudrais souvent ravaler mes mots comme cette fois où j’ai exhibé la douleur d’une minuscule cicatrice face à une énorme balafre dégradante. Consternation.

Pourtant, j’ai appris ce qu’était l’écoute active et la CNV, j’ai un peu pratiqué. Mais voilà ce besoin de se raconter, envahissant.

Impressions matinales #7

On se décline en tellement d’identités. Tant de moi. Tant de je. Qui, entre eux, n’ont pas grand-chose à voir…

Des masques et des fantasmes de personnages intègres. Entiers. Intacts.

Les fissures et les chemins de traverse cachés.

Les contradictions, les paradoxes étouffés.

Parfois pourtant ça tire, ça craque, ça se déchire même.

Et il parait qu’un jour, on pourrait aligner tout ça ?

Impressions matinales #6

L’abondance.

Cela se voudrait une notion positive. Une sorte de Graal. Un sentiment de plénitude. Une vertu presque.

L’abondance, ce sont aussi des objets inutiles et encombrants. Qui nous ont coûté cher et dont on a du mal à se débarrasser. Des jouets cassés, des vêtements trop petits ou étirés, des pulls peluchés, de la déco poussiéreuse, des couleurs fanées, …

Ce sont des espaces numériques saturés de photos qu’on ne regardera jamais, des répertoires pleins de fichiers difficilement identifiables, des boites mails gorgées de communications marketing éphémères et superficielles.

Là, j’ai besoin de ranger, d’ordonner, de classer… de faire du vide. Jusqu’à la nausée, cette abondance-là, symptôme d’une société qui se phagocyte elle-même, m’envahit, me submerge.

J’ai parfois le sentiment que je ne suis que cette profusion.

Je vomis l’abondance, je rêve de frugalité et de simplicité.

Impressions matinales #5

Ce n’est pas la première fois qu’elle se confie là-dessus. Cette amie si jeune, si proche, décédée de maladie.

Le gouffre qui s’ouvre : perdre un être cher et tout le tissu humain qui vous reliait. Les parents, la fratrie, les amies, ne croisent plus dans ton regard que celui de celle qu’ils ont perdu.

Double peine.

J’aurais voulu être plus attentive à ton chagrin. Le recueillir avec davantage d’empathie et de silence. Essayer de ressentir avec toi ce lien perdu, suspendu maintenant à ton âme. Sans avoir jamais réussi à se nouer ailleurs.

Ces mots, loin de vouloir attendrir, était là pour me soutenir. Mais je n’aime pas passer à côté de ces confidences subtiles et profondes qui font notre humanité.

Impressions matinales #4

Parler.

Parler des modalités du quotidien, parler de l’avenir ou de la marche du monde.

Parler sans s’arrêter ou avoir un but ?

Parler pour se vider (la tête et les boyaux).

Parler pour être entendu.e.

Parler pour être quelqu’un.e et faire vibrer son humanité.

Parler pour se relier.

Parler pour ne pas se perdre.

Impressions matinales #3

Il est 7h et je suis déjà dans un train. Traversée de la France en première classe.

J’ai écris « pour une… » et j’ai effacé.

Je ne sais pas bien pour quoi au juste. Qu’est-ce qui peut bien motiver un aller-retour de 1200 km dans une seule journée ?

Rien si on y réfléchit 2 secondes.

Déjà autour de moi que des mâles blancs sanglés dans leur uniforme pro, portable au dos. Qui est-on sans un ordi ? Ils ont laissé femme et enfants au chaud sous la couette (leur vie) pour se retrouver entre eux, à gérer les affaires importantes.

Y pensent-ils ?

Moi, j’y pense – pas à ma place – et l’absurdité du monde me saute à la gueule, me donne la nausée et déjà, une pointe de migraine se fait sentir au creux de ma tempe droite.

Impressions matinales #2

Je n’irai plus.

Certes, ça fait longtemps que je ne voulais plus y aller. De loin en loin, répéter « c’est la dernière fois ! ».

Ce n’est pas pareil que d’entendre dire qu’on n’est plus attendue, pas désirée, et que de toute façon, il n’a jamais été question que je fasse « comme chez moi ».

Mon univers microscopique se cisaille. Me reste un confetti de territoire serein duquel s’échappe maintenant ma chair. Puisque eux restent admis, accueillis, bienvenus.

Scission.

L’autre digue aussi s’effondre : « Nous ne serons pas là l’année prochaine. Viendra qui veux (peux) ! » Mes alliances par inertie me perdent. J’ai baissé les armes depuis longtemps et la voilà, la torpille contre laquelle je ne me suis pas protégée.

Je déteste Noël et ses secousses encore 2 semaines après.

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