Je ne saurais pas vraiment vendre ce qui m’a accroché dans cette série : le scenario n’a rien d’extraordinaire, la réalisation n’est pas bluffante, le propos n’est pas percutant, les acteurs ne sont pas particulièrement charismatiques.
Je dois juste accorder quelques touches de pédagogie féministe assez subtile et bien amenée, idéale pour les non-initié.es.
Non, ce qui m’a retenue est très personnel et ne vaudra probablement pas pour tout le monde : il s’agit du personnage de Jen.
Jennifer Harding (interprétée par Christina Applegate) est une mère de 2 garçons de 15 et 9 ans environ. Jen s’est démenée pour leur offrir une belle vie : c’est son boulot d’agent immobilier qui a fait tourner la marmite pendant de longues années et qui a permis à son mari (le père de ses enfants) de vivre son rêve de rock star. Oui mais voilà, Ted est tué dans un accident de voiture et elle se trouve seule, triste et mère célibataire.
Et Jen est en colère. Ce n’est pas seulement la colère du deuil. Jen a toujours été en colère.Et les circonstances font de Jen une femme toujours plus en colère.
Ses échecs professionnels, ses incompétences, ses faiblesses, ses absences… Rien ne lui est épargné : ses fils, sa belle-mère, son associé et même indirectement son défunt mari lui reprochent sans cesse sa colère et les impasses dans lesquelles elle la mène.
Mais Jen peut-elle être autre chose que colère ? C’est comme ça qu’elle fonctionne, c’est comme ça qu’elle s’est construite, c’est comme ça qu’elle survit. Ce que les gens ont un jour aimé chez vous, ils finissent par vous le reprocher…
J’aime ce personnage parce que je m’y reconnais (non que je fasse bouillir la marmite mais pour la colère ^^).
I feel sorry for her and so connected to her feelings.
J’aimerais l’aider et je me sens impuissante comme elle semble l’être – désarmée pour elle comme pour moi.
Elle n’est pas méchante. Non, absolument pas.
Elle n’est pas bonne non plus : pas une bonne mère, pas une bonne voisine, pas une bonne épouse, pas une bonne belle fille, pas une bonne collègue. Elle est juste elle, pleine et entière. Touchante. Maladroite. Dépassée. En colère.
Une anti-héroïne parfaite.
Son personnage est
souligné en creux par son double pétillant : Judy Hale (interprétée par Linda Cardellini), souriante, affable, douce et réconfortante. Judy devient sa meilleure amie et on ne peut s’empêcher de penser que c’est la gentillesse de Judy qui permet à cette relation d’exister… Pourtant, rien n’est jamais aussi simple et Judy a ses propres parts d’ombres. D’ailleurs, contrairement à ce que ces portraits rapides pourraient laisser penser, Jen semble largement plus entourée et soutenue que Judy – dont l’entourage proche est réduit à peau de chagrin.
Voilà donc deux personnages attachants qui m’ont embarqués dans 2 saisons agréables et m’ont donné l’illusion puérile d’avoir moi-même réussi à me trouver de nouvelles meilleures amies à la trentaine bien sonnée.
Une bouffée d’air frais !
Titre : Dead to me
Créatrice : Liz Feldman
Support : Netflix (création originale)
2 saisons / 10 épisodes chacune
Durée : ~30 minutes par épisode
Je vous encourage à la découvrir très vite, la troisième saison est en préparation.
J’ai regardé cette série et j’ai vraiment beaucoup aimé… J’attends la suite! 😉
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Moi aussi, impatiemment 😉
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Entièrement d’accord…
J’ai regardé cette série, et ce personnage de Jen a également bien résonné bien en moi.
J’apprécie votre façon de très bien « vendre » la colère.
Quand on trimballe de la colère, le fardeau est pesant pour soi et ceux qui nous aiment.
Mais quand elle est nuancée et sous contrôle, quelle énergie !
Pour soi et pour les autres.
J’ai souvent le sentiment qu’elle fait de moi une locomotive qui fait du bien autour d’elle !!
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La colère est une émotion puissante, souvent contenue à tort : elle a quelque-chose à dire, il faut l’écouter ! Je suis pour la réhabilitation de la colère !!!
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C’est un sujet passionnant, sur le thème j’ai lu « La colère » de Titch Nath Hanh…c’est le premier qui m’a fait entrevoir que cette colère était une fabuleuse énergie, qu’il faut savoir l’accueillir à l’instant où elle pointe son nez.
Comme une amie qu’on attendait pas et qui vient bousculer le présent et renverser la table sous nos yeux impuissants plein de sidération.
La désigner comme une amie fait toute la différence, elle a soudain le pouvoir de nous attendrir, de nous toucher, on a envie de la protéger…
La colère a le pouvoir de nous rendre plus fort et en s’appuyant sur sa vitalité elle peut nous aider à faire grandir notre paix intérieure.
Dans un autre registre il y a la BD de Mathieu Sapin sur Gérard Depardieu « 5 années avec Gérard Depardieu ».
Gérard y est souvent plein de cette colère mais je l’ai trouvé à chaque fois touchante et « saine »…
Il y a un article sur mon blog sur cette excellente BD.
Cordialement
Corinne
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Merci pour ces superbes conseils ! Je m’empresse de rajouter tout ça dans ma PAL 🙂
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Avec plaisir!
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Bon jour,
La force de ces séries est l’empathie (parfois sous-jacente) qui relie les spectateurs aux personnages … Alors ce que l’on peut dire que c’est une série pour femmes ? 🙂
Max-Louis
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Sûrement un peu… J’aimerais qu’il en soit autrement mais les séries qui développent leur dramaturgie autour des sentiments parlent surtout aux femmes. Il faudra encore du temps et de l’éducation pour que les hommes se sentent concernés 😆
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Les sentiments ne concernent pas particulièrement les hommes… ou ils sont différents et les ressentis également … cependant, il serait bien d’aborder l’humain avec singularité et identité tout en jouant collectif …
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