Notre première sortie #confinement

Parmi ce qui me caractérise le plus profondément, je pourrais citer les éléments suivants :

  1. Ma patience n’est pas sans limite (loin de là).
  2. J’aime passer du temps seule, complètement seule, dans le silence.
  3. J’aime sortir, être dehors, marcher, sentir l’air et le soleil sur ma peau.
  4. Je développe une phobie sociale de plus en plus marquée.

Dans l’absolu, la situation de confinement ne me déplaît donc pas : je ne vois personne d’autre que mon mari et mes enfants (4) tout en profitant d’un petit jardin ensoleillé (3)…

Oui, mais voilà, mes enfants… J’ai beau les aimer de tous les pores de ma peau, ils sont encore jeunes, collants, bruyants, éparpillés, etc. (attention 2 !) et puis surtout 1…

Alors quand on a appris que le confinement se prolongerait 4 semaines, j’ai soudainement dézoomé sur la situation et surtout observé mon petit deuz avec l’acuité de cette patience déjà bien érodée : il était à bout d’excitation si bien qu’il sautillait en permanence. En mangeant, en coloriant, sous la douche, sur les toilettes… et je ne parle pas des attaques à l’épée (en mousse), au pistolet (en doigts), de requin (avec ses vraies dents) sur sa sœur de préférence mais aussi sur son Papa ou moi !

J’avais déjà épuisé tous les exercices de gestion des émotions avec lui comme avec moi et j’en ai conclu qu’il ne restait qu’une chose à faire :

Sortir !

J’ai donc rempli consciencieusement les 3 attestations obligatoires, exigé des petits qu’ils se chaussent (mais où sont donc passées mes baskets ?) et nous avons franchi la porte de notre immeuble comme l’entrée d’un monde fantastique et mystérieux, encore inexploré…

Les enfants ont d’abord pris ça comme une punition : voilà 4 semaines qu’on leur expliquait en-long-en-large-et-en-travers qu’un méchant virus nous menaçait et que le seul moyen de s’en protéger consistait à rester chez soi ! Nous avions déjà pris de nouvelles habitudes : jouer à la marelle dans le garage ou faire coucou aux enfants du quartier depuis notre balcon le soir à 20h…

Pourquoi vouloir les faire sortir comme ça, sans ménagement, sans combinaison haute sécurité, sans désinfection totale  ou injonction de la police ?

Au bout d’un petit quart d’heure, ma grande a stoppé net :

« Bon, on peut rentré, ça y est, non ?! »

J’ai vu de la frayeur dans ses yeux. Elle était troublée de nous voir enfreindre les règles. Ces règles si bizarres qui nous étaient tombées dessus du jour au lendemain, sans jurisprudence mais auxquelles ils se sont pliés à force de justifications, précisions, éclaircissements, vidéos, podcasts, petit journal, BD,…

J’ai insisté : nonon, on est dehors, on fait un tour ! 

Je me suis agenouillée, j’ai expliqué les autres règles : on reste à moins d’un kilomètre de la maison, on rentre au bout d’une heure.

Ils m’ont suivi et l’ivresse d’une descente en trottinette a pris le dessus sur leurs inquiétudes d’enfant. Le reste avait l’air normal, pas de fin du monde, d’immeubles éventrés, de zombies dans les impasses…

Nous sommes finalement rentré les cheveux en bataille et le sourire aux lèvres :

« On recommence demain, hein, Maman ?!? »

Alors, depuis lors, nous sortons tous les jours. Nous évitons les heures d’affluence et préférons les places aérées. Nous jouons à traquer les dinosaures, à chat perché, à loup touche-touche… Ils n’ont plus peur de sortir et sont même enthousiastes : je n’ai pas besoin de répéter cent fois de mettre les chaussures, de passer aux toilettes et de boire un verre d’eau avant de partir. Ils se ruent sur leurs trottinettes et coiffent leurs casques sans jamais rechigner.

Ils se sont émerveillés de la fois où j’ai apporté leurs gourdes pour se désaltérer au milieu de la balade : tout ça ressemble étrangement à une existence qui semble désormais anéantie…

Je ne regrette pas.

Nous avons commencé le confinement en restant scrupuleusement à la maison. Nous dérogeons prudemment, en nous conformant aux préconisations. Au retour, nous lavons soigneusement nos mains.

Je n’ai réalisé qu’avec cette première sortie à quel point leurs angoisses se cristallisaient sur ce qu’il pouvait bien se passer « à l’extérieur » depuis que nous étions confinés. Je crois que ces escapades furtives, en plus de les défouler, les rassure sur la continuité du monde.

9 commentaires sur “Notre première sortie #confinement

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  1. Nous avons la chance de vivre en maison avec jardin et en pleine campagne, ainsi nous avons pu continuer dès le début du confinement à sortir, profiter du soleil et de l’air pur … J’imagine donc comme ça a du faire bizarre à toute la famille de ressortir après autant de temps confinés. Mais c’est une bonne chose de s’aérer l’esprit durant cette période si anxiogène pour beaucoup de monde !

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  2. Nous sommes sortis pour la première fois, ensemble et pour autre chose que les courses, la semaine dernière pour la première fois depuis le début de cette aventure. C’était presque bizarre!
    Mais oui ça fait du bien.

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  3. C’est vrai que cette première sortie fait un bien fou. Les enfants sont obéissants, mais comme nous, sont « coincés » dans une situation inhabituelle qu’ils ne comprennent pas mieux que nous. Et pourtant l’adulte est sensé savoir expliquer pas mal de choses. Et le jour du dé-confinement ! Faudra-t-il reprendre la vie de fous, à les presser pour le lever, pour finir les devoirs, son assiette, sa toilette… pour ranger, sortir… ?

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      1. Il faudra re-préparer les enfants (surtout les plus petits) dans ce sens 😉 et peut-être que cette situation nous fera lever le pied dans notre frénésie à vouloir bouffer le monde sous prétexte qu’il faut profiter de tout. Nos grands-mères ont-elles connu toutes ces choses ? et pourtant, est-ce que leur vie n’était pas remplie ? n’avaient-elles pas de beaux souvenirs ? et ne savaient-elles pas rire ? Beau weekend, c’est un des derniers un peu longs de ce printemps 😉

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