Avoir des enfants, c’est apprendre la tolérance de l’intérieur

Je crois avoir toujours été plutôt tolérante et assez ouverte d’esprit. Tout est dans la nuance… En effet, mon éducation a infiltré en moi tout un tas de préjugés crasses dont je n’avais pas forcément conscience.

Mais le jour où ma fille est née, j’ai été électrocutée par cette idée : je l’aimerai (je dois l’aimer) quoi qu’il advienne.

Et surtout : elle deviendra une personne autonome, différente, unique qu’il me faudra aimer avec toutes ses imperfections et tous mes préjugés.

C’est inconditionnel et infini.

Ce n’est pas comme prétendre qu’on n’est pas raciste parce qu’on a un ami noir.

Ça part des tripes et c’est immense.

Par exemple, elle sera peut-être grosse.

J’ai j’avais une énorme

aversion pour *les gros.ses*. Une aversion évidente mais complètement tacite. Disons que le surpoids me dégoûtait profondément et qu’il me semblait normal d’être dégoûtée.

[A ma décharge, ma mère fait de l’anorexie une vertu. Je me suis construite avec ça. Mais c’est un autre sujet…]

Je pensais que, quand même, iels pourraient faire un effort ! Les voir manger m’écœurait.

Utiliser un terme générique pour les désigner ne me paraissait pas d’une laideur incroyable.

Et puis j’ai eu un blog. J’ai lu plein de trucs, j’ai « rencontré » pleins de gens qui ne gravitent pas dans mon entourage socio-professionnel habituel, j’ai pris la mesure de l’étroitesse du monde dans lequel je vis, j’ai regardé autour, ailleurs et j’ai découvert d’immenses richesses.

Avec cette exigence d’amour de la maternité et mes questionnements permanents relayés dans ma vie virtuelle, j’ai (commencé à) déconstruit(re) l’image que j’avais du poids : évalué le merchandising de la maigreur, décortiqué l’image que la société nous donne du corps, intégré le terme « grossophobie » et regardé les gens que je croise avec davantage de bienveillance.

Je ne suis pas certaine d’avoir dépassé ce préjugé mais je l’ai identifié, nommé, questionné et en quelque sorte, compris.

J’ai rencontré une femme récemment : elle est pleine et ronde, généreuse dans son corps, ses sourires et ses relations. Elle moule ses fesses dans des jean très près du corps. Je la trouve sublime. Elle incarne une belle image de la féminité.

Et pourtant, je sais que, il y a quelques mois encore, je l’aurais étiquetée « grassouillette », « rondouillarde »… Des termes condescendants voire méprisants.

Je me serais dit qu’elle serait « mieux » avec quelques kilos de moins…

Qui suis-je pour avoir des idées pareilles ?

Il y a encore du chemin. Je ne suis pas sûre d’être capable d’aimer profondément mes enfants s’ils s’éloignent trop de mes schémas de pensées. Au delà de la tolérance, c’est le chemin de l’acceptation, de la résilience aussi qu’il faut emprunter.

Mais j’ai entamé ce travail et je tiens à le prendre à bras le corps.

Pour l’amour de mes enfants oui mais pas seulement. Pour être une meilleure personne aussi. Je les remercie de m’avoir menée sur cette voie.

Et cette réflexion m’interroge même un peu plus loin : peut-être qu’avoir des enfants permet de rendre le monde meilleur ?

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