Cette sombre passagère clandestine

C’est une présence constante, une partie de moi qui se distingue du tout sans jamais vraiment me lâcher, un morceau de mon cerveau qui pulse ses angoisses, ses trop-pleins, ses contrariétés…

Je lui parle souvent, comme à une sœur ennemie : proche et rivale à la fois. Esther.

Mais je ne lui dis pas tout, de peur qu’elle ne sorte de l’ombre pour me terrasser de longues journées durant. Elle a un don pourtant : celui de sentir tout ce qui est bancal en moi, tout ce qui me blesse ou me tiraille sans que je veuille le reconnaître.

La migraine.

Depuis 20 ans. Plusieurs jours par semaine. Une douleur qui peut m’abattre jusqu’à 5 ou 6 jours d’affilée.

C’est quoi la migraine ?

Non, ce n’est pas un simple mal de tête avec lequel on peut continuer à fonctionner comme si de rien n’était…

Tout le monde fait, un jour ou l’autre, l’expérience d’un léger mal au crâne et se croit donc autorisé à dire que « oh la la, elle a la « migraine », tu sais… » en levant les yeux au ciel et avec un léger sourire scabreux – rapport à la connotation sexuelle…

Une migraine n’est en rien comparable à de simples maux de tête. Souvent héréditaire. Latéralisée (un seul des 2 côtés de la tête). Elle s’accompagne le plus souvent d’autres réjouissances : nausées et vomissements, intolérance à la lumière (photophobie), troubles de la vision, paralysie, vertiges, etc.

Quelques cachets et au lit. Rien d’autre à faire que de s’allonger dans le noir.

Comment réagir alors ?

Une compresse d’eau froide (ou chaude) sur le front, des boissons caféinées et sucrées – Coca à haute dose, massages du cuir chevelu… Soulagement diffus.

Tout ça sert surtout à se donner l’impression d’agir et d’avoir un pouvoir quelconque sur la douleur. En réalité, il faut laisser à la migraine le temps de passer…

Elle fait son oeuvre : dévaste tout, saccage l’humeur et le corps, bousille la vie sociale. Sortir de la crise est à chaque fois une convalescence pénible.

Quelques heures de répit ? J’ai longtemps cru pouvoir en profiter pour reprendre une vie « normale », aller de l’avant, l’ignorer, l’oublier – ou plutôt la rejeter violemment au loin de sa conscience…

Mais la douleur, cyclique, revient toujours.

J’ai tout essayé : une plusieurs thérapies, les huiles essentielles, l’acupuncture, la grossesse et l’allaitement, la méditation, l’homéopathie, le yoga, l’hypnose, et surtout des traitements médicamenteux de plus en plus forts bien sûr… Un.e neurologue attitré.e et un journal de migraine. Consigner les prises et la douleur, les déclencheurs et les symptômes.

Finalement, il\elle ne peut pas grand chose rien. Quel que soit le traitement, après quelques mois, son efficacité diminue et malgré l’augmentation des doses ou un changement de molécule, c’est la souffrance qui vainc.

La migraine est là : constitutive de ma personnalité, quelque chose de mon intégrité. Un habitant de mon MOI.

Et faire avec…

Alors, j’adapte mon comportement quotidien à cette pathologie : LA RE-GU-LA-RI-TE ! se coucher, se lever et manger à des heures fixes… Les changements de rythme sont à proscrire : une grosse soirée ne signifie pas seulement la gueule de bois le dimanche matin mais carrément une semaine à se tordre de douleur. Je réfléchis à deux fois ! Et cherchez pas… Sam, c’est moi 😉

La routine paie, aussi morose que cela puisse paraître.

Quoi d’autre ? le chocolat, les plats trop gras, l’alcool donc, le bruit, une activité physique intense, le manque d’hydratation, la luminosité trop vive, les changements climatiques, les parfums, les hormones, le stress, etc.

Il y en a contre lesquels je sais me « protéger », d’autres qui sont inévitables.

Moi, migraineuse et dépressive

La migraine tisse des liens serrés avec mon humeur et ma sensibilité.

D’après le tableau clinique du migraineux type, je suis même censée être dépressive…

J’ai un tempérament mélancolique et anxieux, certes. Mais qui ne serait pas un peu déprimé après plusieurs jours de douleur intense, après avoir refusé toutes les soirées depuis 2 mois, n’avoir bu aucun verre de vin depuis 5 ans, ne plus porter de parfum depuis 10 ans et ne même pas pouvoir se consoler avec un énorme pot d’Häagen Dazs qu’on serait susceptible d’aller gerber aux toilettes dans la minute ?!?

Je ne sais pas quelle personne je serais sans cette sombre passagère clandestine qui me dicte ma conduite, impose mes humeurs et conditionne mes désirs. Mais au fond, je ne suis pas certaine de savoir exister sans elle…

16 commentaires sur “Cette sombre passagère clandestine

Ajouter un commentaire

  1. Et dire qu’il suffit de comprendre comment fonctionne la migraine pour pouvoir s’en débarrasser définitivement! Pouvoir vivre enfin normalement, sans régime, sans médicaments (ou si rarement…) et mettre fin à ce véritable handicap.
    Le mécanisme de la migraine, je l’explique dans « BYE BYE MIGRAINE ».

    J’aime

  2. Bonjour, comme je te comprends, je suis moi-même une des ces pauvres êtres affligés par cette maladie, car s’en ait une. La mienne, on a chacun sa migraine, commence par une aura, scintillements, vision trouble , je ne vois plus les visages mais je pense que tu connais , après vient le mal de tête et les nausées, cela m’a pris , j’avais 15 ans ,ma mère était migraineuse, une de mes filles est migraineuse, je devrais savoir que lorsque j’ai une vraie fringale , c’est un signe et bien crois-moi, je sais mais cela ne m’arrête pas. Alors je compatis , courage en vieillissant on en a moins , mais elles ne disparaissent jamais, pour moi c’est 24 heures, ou 48 heures et parfois 72 heures!!! bon après-midi MTH

    J’aime

  3. Les maux de tête ont des origines diverses et variées et il faudrait voir un ou une Naturopathe pour en fouiller les raisons. Cela prend un peu de temps avec peut-être l’éviction de certaines choses comme La crème glacée de tes rêves 😁. En attendant, des infusions ou des gélules de partenelle Bio sont à essayer . BON WE. Bises

    Aimé par 1 personne

  4. Comme je te comprends (trop bien malheureusement) cette douleur toujours un peu présente meme quand tout semble aller bien. elle vit avec moi depuis toute petite comme une sœur siamoise, La supprimer est impossible et il faut apprendre à vivre avec 😞 comme avec ces autres qui te conseillent sans cesse avec tel ou tel remède de grand-mère (qui certes parfois arrivera à Atténuer la douleur pour qu’elle te permette de faire les choses indispensables du quotidien)
    Ceux aussi qui te regarde comme une extra-terrestre parce que tu ne bois pas d’alcool ou que tu t’isoles quand il y a trop de bruit
    Qui se moquent de toi car tu portes des lunettes de soleil même l’hiver quand il fait très froid et que m’en soleil est bien caché derrière les nuages 😠
    Parfois, je m’eto toute seule quand quelqu’un se plaint d’avoir une migraine comme s’il allait mourir et qu’en fait il ne s’agit que d’un gros mal de crâne.
    Ma fille m’a déjà fait un ou 2 migraines et je suis bien triste de lui avoir léguer cela.
    En tout cas, je partage ton constat que sans elle, je ne serai sûrement pas là même.
    Bon courage 😘

    Aimé par 1 personne

  5. Je souffrais de maux de tête  » récurrents  » , insupportables ….Puis un jour, ( j’étais adolescent ) une  » crise  » est survenue alors que je jouais au foot….Mais là , je perdis connaissance! Hôspitalisé , le verdict tomba : C’est de l’épilepsie ! Cette maladie m’oblige encore aujourd’hui à suivre un traitement que je qualifierais de lourd et des examens réguliers chez un neurologue ( I.R.M ,électro-encèphalogramme etc….
    Ceci pour dire qu’il faut prendre la migraine au sérieux …
    F.

    Aimé par 1 personne

  6. La migraine, c’est vraiment terrible. Perso, j’ai ce qui se rapprochent des céphalées de tension (mais avec intolérance aux bruits et à la lumière) depuis que je suis petite…Du coup, comme ça n’est pas migraine à proprement parler on minimise encore +! (alors que je peux en souffrir jour et nuit pendant plusieurs jours d’affilée) Bon bref, juste pour dire qu’après avoir pris plein plein de trucs (inefficaces ou efficaces à court terme), je teste actuellement des gelules à la Grande Camomille et j’ai moins mal, moins souvent et moins longtemps (plus du tout, serait utopique, je n’y comptais pas), c’est déjà un grand pas quand on souffre…
    Bon courage
    PS:avoir une routine de vie, moi je ne trouve pas ça bizarre ou rabat-joie, il faut vivre pour être bien et faire avec ce que le corps nous dit, beaucoup de choses sont surtout sociétales…:-)

    Aimé par 1 personne

  7. Comme je te comprends !
    Je suis également migraineuse, à l’image de ma mère.
    Des maux qui ne cesse de revenir.. J’ai passer deux années entières avec une migraine journalière..
    Épuisée physiquement comme mentalement, j’ai pris les choses en main en recherchant toutes les causes possibles et inimaginables: Problème de vue, de dos, de dents et perturbateurs extérieurs comme le café…

    Je me suis fait enlever les dents de sagesse, fait prescrire des lunettes de vue de repos essentiellement, et tenter de résoudre mes soucis dorsaux qui hélas ne disparaitrons pas définitivement.

    Toutefois mes migraines se font aujourd’hui beaucoup moins fréquentes, à raison d’une par semaine en moyenne, aujourd’hui.
    J’apprends maintenant à vivre avec et à les accepter.

    Je te souhaite bon courage !

    Aimé par 1 personne

N'oublie pas de laisser un message avant de partir !

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑