Le devoir conjugal : faut-il ou non « se forcer » ?

Je me range occasionnellement dans une catégorie de femmes libres et indépendantes qui sont taggées féministes. En tant que telle, je devrais défendre le droit de dire non, toujours, tout le temps, en toutes circonstances…

Pourtant, le sexe est un aspect essentiel de la relation amoureuse [ou pas d’ailleurs – mais cela concerne des couples spécifiques, pas la majorité je pense] et que doit-on faire quand on n’a pas envie ? Un soir, bien sûr : trop de fatigue, des préoccupations, alors c’est non. Ferme et définitif. Auberge du cul tourné.

Mais quand le manque d’enthousiasme dure des mois et des mois ? Faut-il se refuser systématiquement ? Ne jamais faire d’effort juste pour lutter contre le présupposé ultra machiste qui dit que la femme doit toujours se soumettre au désir du mâle ?

Grossesse difficile et / ou post partum à rallonge (allaitement compris) m’ont éloigné du désir. Je me suis « forcée ». J’aime le père de mes enfants, je ne peux pas dire que se soit une violence. Je me suis forcée et j’y ai même pris un certain plaisir : j’aime les étreintes, les regards, les baisers… Mais la pénétration, s’il n’avait tenu qu’à moi, j’aurais sûrement évité. Je ne me sens pas salie pour autant, il ne faut pas exagérer. Je l’ai choisi pour partager ma vie, pas par hasard, c’est un tout que j’accepte chaque jour avec bonheur.

Je pense que des mois et des mois sans relations sexuelles pourraient avoir raison de notre union alors oui, je me force un peu. Sans avoir l’impression d’être violée. Sans avoir l’impression de renoncer à mes idéaux.

Pas très féministe comme discours – et très hétéro normé… n’est-ce pas !? Je ne suis pas sûre. Je crois que mon propos est transposable aux couples dans lequel c’est l’homme – l’autre – qui manquerait d’entrain… En effet, qui n’apprécierait pas un cunni – ou quoi que ce soit qui fait plaisir, chacun son truc – bien fait y compris dans les moments où monsieur est soucieux et sa libido en berne 😉

Ce qui n’est pas féministe selon moi, c’est de considérer que c’est toujours la femme qui en manquerait justement – d’entrain – et même si c’est souvent le cas, interroger pourquoi : la faute aux hormones peut-être mais aussi à un certain conditionnement sans doute… Dans ce jeu-là, les schémas de société ont bien évidemment leur part.

Je pense que la baisse de désir se joue aussi dans l’image que j’ai de la mère. Le désir de mon homme se construit dans l’image de la virilité qui lui a été inculquée.

Hors de ces préjugés, la situation ne se présenterait peut-être pas. Je ne me sens pourtant pas les épaules de rejeter ça comme ça, des millénaires de patriarcat. Alors même si je me sais prisonnière d’une certaine norme sexuelle, je considère que les parties de jambe en l’air dans un couple font partie intégrante de la communication. C’est un moment de partage et d’échange.

Et comme toute conversation, et en fonction des moments de vie, il n’y a pas forcément équilibre parfait, ni symbiose, ni rivalité pour autant. Si l’un des deux refusait de proférer le moindre son pendant des mois, se cloisonnant dans un mutisme stérile, tout le monde comprendrait que l’autre s’exaspère. Selon moi, c’est du même registre.

J’ai le sentiment de laisser ainsi une porte ouverte, de permettre à l’autre de (re)donner envie, d’amorcer un dialogue, de laisser une chance à la reconstruction du désir, à des séances qui parfois se terminent drôlement bien… Alors je me force…

29 commentaires sur “Le devoir conjugal : faut-il ou non « se forcer » ?

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  1. Je découvre également ton blog et ce sujet, ma fois bien intime, mais qui doit parler à beaucoup de femmes et de mère. Moi aussi je me laisse parfois tenter par une balade du côté du sexe et je ne suis jamais déçue de m’être un peu forcée. C’est la même chose pour beaucoup d’autres points dans la vie (y compris dans la vie de couple) heureusement qu’on se fait un peu « violence » sinon on ne ferait rien et on serait bien malheureux au bout du chemin.

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  2. Je ne suis également un peu forcée une ou deux fois après mon accouchement, je n’avais pas spécialement envie mais lui si et j’avais envie de lui faire plaisir. Il faut dire que j’ai développé une mycose récidivante qui ne m’a pas lâchée durant toute ma grossesse et du coup je n’ai pas du tout eu envie pendant cette longue période. Et lui non plus d’ailleurs. Maintenant, je ne me force plus mais je me laisse tenter comme la si joliment expliqué Céline.
    Disons que je ne fais pas le premier pas mais que je le suis bien volontiers. Je ne fais pas le premier pas non pas parce que je n’ai pas envie mais soyons honnête, la journée, nous n’avons quasiment pas de moment à nous et la nuit et si les petites ne me réveillent pas et bien moi je dors! D’ailleurs, le soir, à peine la lumière éteinte je m’endors. La fatigue n’est clairement pas bonne pour ma libido.
    Après je ne m’inquiète pas car notre vie sexuelle et nos envie respectives ont toujours été fluctuante et variable selon notre état d’esprit du moment, nos soucis… Il arrive parfois qu’on ne fasse pas l’amour pendant plusieurs semaines parce que nous n’avons ni l’un ni l’autre la tête à ça. Et puis, l’un de nous a à nouveau envie et l’autre le suis. On ne se force pas, ce n’est pas comme si on n’en avait pas du tout envie. C’est juste qu’on avait d’autre préoccupations et on y pensait pas. je ne sais pas si je suis très claire…

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  3. Bonjour,

    Je découvre votre blog, le sujet de l’article m’a intriguée. J’ai parfois le même genre de réflexion, une espèce de lassitude, mais finalement en me laissant convaincre le moment de partage se passe bien. C’est un peu comme le dit Céline la ballade en forêt ou alors la discussion qui nous emballe pas au départ et qui finit par être un véritable moment d’échange.

    Bravo pour cet article personnel, mais qui je pense parlera à beaucoup.

    Isabelle

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  4. un sujet tabou au féminin comme au masculin, « devoir  » conjugal sans doute un mot inventé par un homme pour donner un sentiment de soumission à la femme et de culpabilité s’il n’est pas accompli.
    Des mots qui donnent des maux, l’équilibre du couple c’est tellement compliqué, mais si important, chaque couple doit trouver comment maintenir ses relations conjugales.

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  5. Je trouve cela presque courageux d’aborder ce sujet qui est tabou parfois mais qui concerne tous les couples au moins une fois dans leur histoire. Jolie image que la balade en forêt, Céline, c’est tout à fait cela!

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  6. Ton article m’a donné la même impression que Céline, l’image de la balade en forêt c’est tout à fait ça.
    Nous avons vécu des périodes comme celles que tu décris, il n’est pas toujours facile de retrouver un équilibre avec les enfants. Je te souhaite plein de courage et de bonheur ❤

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    1. Ce que j’essaie d’expliquer, c’est que ce « choix » est celui du respect du couple, de l’équilibre – instable par définition – que constitue l’association de 2 individualités.
      Prendre la décision de ne pas vivre seul.e, c’est nécessairement une histoire de compromis, de concessions, de moyens termes – dans la sexualité comme dans tout le reste, dans le couple comme au travail ou avec la société toute entière – sinon, et à moins de se voiler la face, on est forcément en train d’écraser l’autre.

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      1. Pour moi il n’est pas pensable d’envisager ce genre de compromis. Essayer de nouvelles choses qui à priori ne nous tente pas ok, pourquoi pas, mais se forcer pour ne pas frustrer l’autre non, sûrement pas. Si le refus n’est pas récurrent je ne vois pas en quoi ça « écrase » l’autre. Et accepter alors que l’on n’en a pas envie n’est-ce pas s’écraser soi-même?
        En tous cas c’est ma vision des choses.

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        1. Et puis je me mets à la place de l’autre, comment réagirait-il en apprenant la chose? Niveau estime de soi ça ne doit pas être terrible.
          Après mon accouchement – difficile accouchement – je n’étais clairement pas en état de reprendre une vie sexuelle, ni physiquement ni psychologiquement, et ça a duré plusieurs mois. Et bien mon compagnon s’est montré compréhensif et a attendu que je sois de nouveau prête, pour que l’envie et le plaisir soient présents dés deux côté, et justement que ce soit équilibré. Je lui en serais toujours reconnaissante. Je crois que c’est ce qui nous a permis de reprendre sereinement, sans aucune pression. Et ces mois n’ont pas été un calvaire pour lui, même si ça n’a pas toujours été simple, il ne m’en a pas gardé rancune ou quoi que ce soit du genre.

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          1. Je ne voudrais pas faire passer mon homme pour un sauvage assoiffé de sexe… ce n’est absolument pas le cas et ça me semble un peu plus compliqué que ça… et puis, je ne lui cache rien : il n’a pas à « apprendre la chose » puisque nous communiquons sur nos difficultés de couple au jour le jour.

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          2. Loin de moi la pensée qu’il puisse être un « assoiffé » de sexe! Très très loin même.
            Je donnais juste mon point de vue, je ne voulais pas te froisser. Je m’abstiendrais de répondre à l’avenir, ça évitera les malentendus.

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          3. Non, pas du tout, c’est seulement que la lecture de ton commentaire dessinait dans mon esprit un individu totalement différent de celui qui partage ma vie. Je tenais juste à lui rendre justice ! Je t’envie de réussir à tenir ta ligne, je trouve pour ma part que c’est un équilibre compliqué à gérer.

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          4. Il n’y avait aucun jugement dans mon message. Une fois encore je te donnais juste mon point de vue.
            Je suis peut-être égoïste mais je pense que mon équilibre personnel passe avant celui du couple pour la simple et bonne raison qu’il lui est nécessaire. Et je suis trop entière pour ne pas faire les choses avec envie, désir et plaisir.
            Mais nous sommes toutes différentes et chaque couple a un fonctionnement qui lui est propre donc mon exemple n’a rien d’une vérité universelle. Loin de là.

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  7. Je ne sais pas si je suis d’accord avec toi ou pas… Il m’arrive aussi parfois de me forcer un peu, du moins au début, après non, je ne me force plus c’est un plaisir partagé.
    Mais je me demande si se forcer est bien la meilleure chose à faire. S’écouter, écouter l’autre, les deux sont importants alors… peut-être comme dans toute discussion il pourrait exister un plus bel équilibre que celui-ci. Ne pas se forcer, mais ne pas pour autant laisser l’autre dans le coin opposé du lit. Il existe tellement de façon de faire l’amour !

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    1. Je complèterai mon commentaire en disant que je n’ai pas vraiment l’impression de me forcer mais plus de me laisser tenter. Il me semble que c’est ce que tu décris aussi dans ton article aussi, non ?

      Mon compagnon me dit que c’est un peu comme aller se promener dans les bois. Quand on te propose l’idée, tu n’as pas super envie, tu ne veux pas sortir de chez toi, et tu penses à l’humidité, la gadoue… et puis tu sors quand même, pour voir. Et finalement, une sortie en forêt c’est toujours très chouette ! 😀

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      1. J’adore ton image de ballade en forêt, Céline ! C’est tout à fait ça… et dit avec tant de douceur. Tu illumines ma réflexion sur ce sujet.
        Et pour la première partie de ton message, je suis encore d’accord mais je dois avouer que je suis très conventionnelle de ce côté là et je cherche seulement l’équilibre avec les clefs qui m’ont été données… Les années aidant, j’espère trouver la capacité d’en fabriquer de nouvelles (du côté de la méditation, du tantrisme peut-être…)

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