Les degrés d’urgence

La semaine dernière, MiniJoie nous a fait une grosse frayeur : une mauvaise chute, ses doigts restent coincés et du sang partout… J’ai, certes, une fâcheuse tendance à l’exagération mais si je peux me fier au regard des 2 ou 3 personnes que nous avons croisées, à la façon dont elles ont porté la main à leur bouche avec les yeux écarquillés en découvrant mon visage sur lequel MiniJoie avait essuyé ses mains… Je peux dire qu’objectivement la situation était impressionnante !

L’histoire n’a rien n’exceptionnel : une Maman affolée, une toute petite fille qui souffre et pleure sa détresse à grands cris, les peurs qui se bousculent et l’imagination qui s’emballe… C’est ça aussi, être parent !

Bref, ce dont je veux parler ici est mon arrivée aux Urgences. Par bonheur, je ne savais pas que les urgences pédiatriques de Paris étaient regroupées à l’hôpital Necker (et oui, presque 26 mois sans maladie ni accident à déplorer !!!) Je me suis donc pointée dans un autre hôpital et là, je suis tombée sur le genre de médecin que je déteste, le genre d’attitude que je dénonce, le genre de contact qui me fait m’interroger sur le parcours de ces individus pour en arriver là : aider les autres avec un cœur de pierre et aucun mot pour alléger la douleur et la souffrance.

J’ai donc déboulé au milieu des urgences « normales », à bout de souffle, mon bébé de 13 kilos porté tant bien que mal sur mon gros bide de 6 mois de grossesse… Mot d’accueil : « ah non, c’est pas là, il faut que vous repartiez ! »

J’ai court-circuité : je pensais être arrivée, pouvoir me « poser », avoir quelqu’un sur qui m’appuyer, prendre le temps de parler / regarder MiniJoie, pouvoir la rassurer… Les larmes se sont mises à couler et les sanglots ont bloqués tous les mots dans ma gorge. Je n’avais plus un centime sur moi pour un taxi, je ne me sentais pas la force d’enchaîner sur les 5 stations de métro qui me séparaient du Graal…

Et là, j’ai entendu tout ça : « Je n’ai pas le droit de vous appeler une ambulance », « Il y a des pompiers qui viennent juste de repartir mais de toute façon, ils n’avaient pas le droit de vous prendre en charge, il faut que ce soit vous qui les appeliez, vous n’avez qu’à ressortir et les appelez depuis l’extérieur », « Je ne veux pas regarder ce qu’il y a sous le pansement [fait à la pharmacie], je pourrais avoir des ennuis ». Et surtout : « Il y a des cas GRAVES ici. Calmez-vous. Arrêtez de pleurer. »

Alors oui, il y avait peut-être (sans doute ?) des gens mourants dans ce hall. Bien évidemment que vis-à-vis d’eux, mon attitude était totalement indécente… Je ne pourrai pas m’excuser mais je suis sincèrement désolée. Je n’étais qu’une Maman paniquée, très inquiète pour sa toute petite fille et ayant perdu tout sens des proportions. Mais pourquoi me dire ça ? Quel intérêt ? Quel était l’effet escompté ? L’appétit est-il déjà revenu à quiconque de savoir qu’il y a des enfants qui meurent de faim partout dans le monde ? Une gastro – la tête au fond des toilettes, vomissant douloureusement une bile amère remontée du fin fond de nos entrailles – n’a-t-elle jamais été adoucie par l’existence du virus Ebola ? Les statistiques de morbidité permettent-elles vraiment de relativiser une situation lorsqu’on est submergé par la peur ?

bandage

J’aurais aimé un peu de compassion, une chaise, un verre d’eau, quelques mots de réconfort prononcés d’une voix douce… Je l’ai obtenu finalement : merci à cette douce infirmière qui m’a prise en charge et donné un antalgique à MiniJoie (elle n’avait probablement pas le droit… alors infiniment merci !)

Finalement, l’histoire s’est bien terminée. Il aura fallu attendre 9h entre l’accident et le verdict. 9h pendant lesquelles de minuscules doigts amputés ont dansé devant mes yeux. 9h pendant lesquelles la chute, le sang sombre et épais qui gicle sur le trottoir, la séquence inexorable des événements ont été ressassés… Son majeur est fracturé. Plusieurs points dessineront une cicatrice sur l’extrémité de deux de ses doigts. Elle promène maintenant un énorme bandage qui déséquilibre sa silhouette et serre mon cœur de Maman. Ce sera une de ses grandes aventures d’enfance.

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19 commentaires sur “Les degrés d’urgence

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  1. Ah le médecin zéro-empathie et l’infirmière qui rattrape derrière, un grand classique. Tu sais que beaucoup d’établissements de santé cherchent à changer ces attitudes (ou alors à faire semblant d’essayer de les changer ?) et s’en vantent? Renseigne-toi, peut-être qu’il y a un service « relations-patients » à l’hôpital où tu as été si mal reçue, fais connaître ta mésaventure… ou balance le nom de l’hôpital, ça m’intéresse 🙂
    Et la puce, elle doit la garder combien de temps sa poupée géante?
    Bises à toutes les deux.

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    1. Je sais qu’il y a un truc comme ça à la maternité mais ça vaut le coup que je regarde si la démarche existe au niveau des urgences… histoire d’apporter ma pierre à l’édifice ! Quant à balancer le nom sur internet, je préfère pas : je dois y accoucher et je voudrais éviter les forceps de représailles !!! (mais du coup, tu vois duquel je veux parler sans doute 😉
      Je n’ai même pas pensé à demander combien de temps allait durer la guérison : ce que je peux dire c’est que, à chaque soin, on voit une nette amélioration 🙂

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  2. plein de bisous à minijoie,
    nous aussi on a un hôpital dans ma ville mais tu ne peux pas emmener d’enfant en urgence, il faut aller dans une autre ville pour ça , moi je ne comprends pas …ça me dépasse

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  3. Je peux tout à fait imaginer tout ce que tu as décrit. et fait du hasard, mon Max s’est coincé les doigts dans la porte (côté gonds…) vendredi soir, grosse frayeur également pour nous, j’ai disputé à grands cris son papa & mon Hugo (dans la même panique que tu as décrit), sous prétexte que je ne peux pas leur confier 2 minutes mon bébé sans qu’un accident n’arrive. Nous aussi on a cru à une fracture devant ses petits doigts un peu écrabouillés et froids (le sang ne passaient plus trop…). mais résultat: pas de fracture, juste un énorme hématome…. pauvre bébé.

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    1. Oh la la, oui, j’imagine la scène… On se fait rapidement du souci pour nos petits bouts d’amour 🙂 J’avais personne sur qui passer mes nerfs, mais c’est sûr que j’aurais sûrement piqué une crise si j’avais eu quelqu’un à portée de main !!

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  4. Comme je te comprends!
    J’ai moi-même dû fréquenter les urgences de grands hôpitaux de la région parisienne et j’en garde un sombre souvenir. Quand on travaille dans ce genre d’endroit je crois que l’on s’éloigne malheureusement très vite de ses idéaux de jeunesse et que l’on perd rapidement tout soupçon de psychologie ( voire d’humanité ). C’est triste mais c’est en partie la faute du système…
    Je passerais sous silence le rapport des spécialistes à leurs patients parce qu’alors là c’est le pompon! :/

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      1. Je pense que c’est un des travers de notre système (qui par ailleurs a malgré tout de très bons côtés…) mais je suis convaincue qu’il ne faut pas se résigner et que si on exige un peu de compassion, il y a moyen de les sensibiliser !!!

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  5. Je compatis et je comprends ta réaction devant la froideur de certains professionnels de la santé (j’en ai croisé hélas ! ) Mais comme tu le dis, il y en a aussi de formidables (J’en ai heureusement rencontré ! )
    Gros bisous qui guérissent à ta jolie Minijoie d’amour.

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    1. Oh la la, elle en reçoit des bisous cette chipie 😉 Je lui ai tout passé pendant 2 jours et je vois bien qu’elle a compris ma faiblesse et qu’elle commence à en tirer profit 😀 Mais je préfère la voir comme ça que l’autre soir, désespérée et terrorisée…

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  6. Pour avoir fréquenté pendant quelques années les hôpitaux, il est clair qu’ils sont remplis de gens formidables mais certains ont besoin de prendre des cours de psychologie. Ils ne se rendent pas compte que lorsqu’on est parent on s’inquiète énormément et que nous avons besoin d’être rassuré même quand pour eux il s’agit de petits bobos…!!!
    Bon rétablissement à ta fille.

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    1. Merci pour ton message. J’ai conscience que, pour eux, nos drames sont des anecdotes mais un minimum de pédagogie fait partie de leur taf quand même… Le mieux, c’est malgré tout d’essayer de les croiser le moins souvent possible 😉

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